Edito : Les tendresses bougonnes de Pierre Mondy
Le billet d'Isabelle Morini-Bosc
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© François Guenet
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Il m'avait promis que nous déjeunerions cet
automne, Pierre Mondy. Eh bien non, nous ne déjeunerons pas cet automne,
mais, lui aussi, il m'est impossible de le laisser partir sans un mot.
Sans un mot d'au revoir pour lui, s'entend. Les siens, de mots, je les
garde précieusement. Bons mots comme mots d'esprit. Chaque fois qu'il
ouvrait la bouche pour parler, il racontait déjà. Avec un sens inné de
l'anecdote et des autres. Et même à moi qui le voyais trop peu, il
laisse des souvenirs, des fous rires... et tellement de spectacles.
Personne ne mesure, et surtout pas les « perdreaux de l'année » qui
l'ont découvert dans Kaamelottou Fais pas ci, fais pas ça,
à quel point il a été immense partout. Il était au cinéma, à la
télévision et bien sûr au théâtre ce que Tatin est à la tarte et Milou à
Tintin ! Il avait une façon de tout savoir sans justement le faire
savoir qui était formidable ! Et rare. J'adorais aussi ses faux coups de
gueule, contre un certain cinéma «
où-il-y-a-plus-de-gens-pour-faire-le-film-que-pour-le-voir », ou contre
les chaînes de télé « qui-veulent-tout-diriger-dans-les-fictions » : « Y
a même une andouille, rigolait-il, qui m'a expliqué comment embrasser
ma partenaire, à moi qui ai été marié quatre fois... Et comment jouer un
flic, alors que mon frère était commissaire ». L'un divisionnaire,
l'autre visionnaire. Il « sentait » le public, qu'il a si bien nourri.
Oui, j'adorais ses tendresses bougonnes, qui lui faisaient dire : « Vous
le savez bien, je suis Mondy, pas mondain ». Moi, je trouve surtout que
c'était un type bien. Vraiment bien. Et plus encore...