Athletic Bilbao : Pourquoi le départ de Javi Martínez fera moins mal que celui de Fernando Llorente L’un a décidé de répondre favorablement aux sirènes du
Bayern Munich cet été, l’autre n’a pas prolongé son contrat à un an de
son terme. L’un est milieu défensif reconverti défenseur central,
l’autre est un avant-centre au physique de déménageur. Les deux ont été
des joueurs majeurs de l’Athletic Bilbao ces dernières années. Mais qui
de Fernando Llorente ou de Javi Martínez manquera le plus aux Leones ?
Analyse et explications. [ندعوك للتسجيل في المنتدى أو التعريف بنفسك لمعاينة هذه الصورة]Fernando
Llorente (à gauche) quittera le club basque au plus tard dans un an,
tandis que Javi Martínez (à droite) a rejoint le Bayern Munich
Deux joyaux à l’état pur qui ont fait le bonheur de Bilbao et de la
sélection espagnole. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier Javi
Martínez le navarrais et Fernando Llorente le riojan. Ces deux joueurs
d’exception ont été les pièces majeures d’un club basque de retour au
sommet du football ibérique, renouveau entamé avec Joaquín Caparrós pour
atteindre son paroxysme avec « el loco » Marcelo Bielsa et cette finale
de Ligue Europa perdue face à l’Atlético Madrid la saison dernière. Et,
pour ne rien gâcher, nos deux comparses ont contribué à la mainmise du
football ibérique en jouant plus que des rôles de faire-valoir lors des
campagnes victorieuses de 2010 (Coupe du Monde) et de 2012 (Euro).
Mais, comme un symbole, le milieu et l’attaquant ont eu des envies
d’ailleurs, comme pour mieux remplir leur palmarès, disputer de grands
matches et s’imposer dans un grand club avant pourquoi pas de viser plus
haut avec la Roja. D’autant plus que l’espagnol a tendance à bien
s’exporter, comme l’atteste les exemples Francesc Fábregas, David Silva,
Xabi Alonso et bien d’autres. Et si Javi Martínez a déjà fait le grand
saut pour rejoindre le Bayern Munich, Fernando Llorente lui n’a pas
souhaité prolonger son contrat et partira au plus tard l’été prochain.
Se pose maintenant la question de leur succession au sein de l’atypique
club basque, qui risque de s’avérer plus compliquée pour l’un (Llorente)
que pour l’autre (Martínez).
Javi Martínez déjà remplacé au milieu… Javi Martínez avait à peine 17 ans en 2006 lorsqu’il débarque à
Bilbao en provenance de l’Osasuna Pampelune, son club formateur, pour 6
M€. Et dès sa première saison dans le grand bain avec les professionnels
(il n’avait jusque-là joué qu’avec la réserve du club navarrais), il
s’est imposé comme un récupérateur prometteur, à l’aise techniquement et
capable de se comporter en patron. C’est certainement pour toutes ces
raisons que le très pointilleux entraîneur argentin Marcelo Bielsa le
replace en défense centrale à l’orée de la saison 2011-2012. Sa facilité
technique et sa qualité de relance satisfont l’ancien sélectionneur du
Chili qui le stabilise définitivement à ce poste, en faisant le
« Mascherano basque ».
Du coup, sa succession au milieu de terrain s’est jouée en début de
saison dernière. Et l’arrivée pour 8 M€ d’Ander Herrera en provenance de
Saragosse a encore plus conforté Bielsa dans son choix. Herrera, né à
Bilbao il y a 23 années de cela, avait plutôt un profil de numéro 10.
Pour le club de sa ville natale, il a légèrement reculé pour être placé
un peu plus au cœur du milieu de terrain et évolue maintenant comme un
véritable joueur « box to box » se démenant sur toute la largeur du
terrain et à la palette technique très large. Pour rester dans la
comparaison barcelonesque, on a un peu à faire au Xavi ou à l’Iniesta de
l’Athletic.
Pour le rôle de récupération pure, Bielsa n’a pas hésité à faire
confiance à un autre jeune (22 ans à l’époque), Ander Iturraspe. Ce pur
produit du centre de formation basque ne jouait qu’un rôle de remplaçant
de luxe avec le prédécesseur de Bielsa à la tête des Leones, Joaquín
Caparrós. Depuis, le joueur au physique aussi longiligne que celui de
Javi Martínez effectue le sale boulot en toute discrétion, joue les
premiers relanceurs et soulage Herrera dans son travail de sape.
Pour compléter cette paire quasi inamovible au milieu de terrain
(inutile de rappeler que Bielsa est peu adepte du turn over), el Loco
peut s’appuyer sur les deux jeunes pousses que sont Íñigo Pérez et Íñigo
Ruiz de Galarreta, qui commencent à jouer régulièrement avec l’équipe
première. Il y a aussi le cas Óscar De Marcos, cet ailier gauche arrivé
il y a deux saisons en provenance d’Alavés que le coach sud-américain a
fait jouer à peu près partout (ailier gauche, ailier droit, milieu
récupérateur, arrière gauche et même arrière droit !). Et même si tout
cela manque encore d’expérience (outre le « vétéran » Gurpegi et ses 32
ans, le reste des joueurs qui composent l’entrejeu ne dépassent pas les
24 ans), on peut estimer que l’absence de Javi Martínez au milieu de
terrain a été largement compensée depuis une saison en qualité et même
en quantité.
…Comme en défense Du coup, c’est la défense que Bilbao va devoir reconstruire. Et là
encore, les solutions de remplacement existent. Outre l’indéboulonnable
Fernando Amorebieta (stoppeur dur sur l’homme mais pas pour autant
dépourvu de technique et de sens de la relance) qui accompagnait déjà
Javi Martínez, Bielsa a semble-t-il décidé de s’appuyer de nouveau sur
Mikel San José. Formé au club, ce jeune défenseur avait choisi l’exil en
rejoignant Liverpool où il n’aura jamais évolué avec l’équipe-première.
Revenu il y a quelque temps en Biscaye, Caparrós en avait fait un des
hommes de base de sa défense. Mais son successeur en a décidé autrement
en lui préférant le néo-bavarois, utilisant l’ami Mikel avec parcimonie
et plutôt dans un rôle de… milieu défensif. Autre espoir en défense,
Borja Ekiza avait un temps de jeu allant crescendo sous l’ère de
l’actuel entraîneur de Majorque. Avec le coach à lunettes, sa
progression a été stoppée même si celle-ci pourrait reprendre cette
saison puisque l’effectif a désormais bougé.
Et les choses ne semblent de toute manière pas figées, puisqu’ont été
expérimentées durant les premiers matches de cette saison des formules
avec deux latéraux gauches de formation dans l’axe (Jon Aurtenetxe et
Jonás Ramalho) ou Carlos Gurpegi, qui a toujours évolué comme milieu
défensif mais que Bielsa a fait jouer comme latéral droit la saison
dernière et comme défenseur central cette saison… Et oui, « le fou »
aime bien l’innovation. Autant dire que, de ce côté-là, Bilbao est
également bien pourvu et devrait s’en sortir malgré le départ de
l’enfant prodigue, parti chercher bonheur en Allemagne.
[ندعوك للتسجيل في المنتدى أو التعريف بنفسك لمعاينة هذه الصورة]Ander
Herrera (à gauche) s’est très vite imposé dans l’entrejeu basque, quand
son coéquipier San José (à droite) retrouve sa place en défense
Fernando Llorente, le profil particulier Imposant physiquement (1,95 m), habile de la tête et dos au but,
capable d’être un point de fixation précieux, Fernando Llorente est un
attaquant complet puisqu’il n’est pas non plus maladroit balle au pied
avec un touché de balle peu commun pour un attaquant de son gabarit.
Maillon essentiel des différents systèmes de jeu pratiqués par le club
basque au fil des ans (allant du kick’n'rush au toque de señor Bielsa),
l’imposant avant-centre lancé dans le grand bain en 2004 a su s’imposer
au fil des ans pour devenir l’attaquant qu’il manquait ces derniers
temps à Bilbao et être un prétendant inévitable au titre de « Pichichi »
(meilleur buteur du championnat espagnol).
Ayant toujours clamé son amour pour son club formateur jusque-là, il
semble y avoir eu une cassure cet été puisqu’à un an du terme de son
bail, Llorente a décidé de ne pas rempiler. Forcément sur le départ à
plus ou moins long terme, le président Josu Urritia a avoué qu’un accord
financier pourrait être à l’origine de ce choix. Néanmoins, malgré un
début de saison freiné par des blessures plus ou moins diplomatiques, il
paraît évident que Marcelo Bielsa s’appuiera une fois de plus sur lui.
Malgré un physique que l’on pourrait juger inadéquat à la pratique
d’un football alliant vitesse et technique, l’ancien sélectionneur de
l’Albiceleste a su tirer profit de ses qualités de remiseur et de pivot
ainsi que de son jeu de tête dévastateur pour être à la conclusion des
centres venant des ailes et pour combiner à la perfection avec ses
milieux offensifs. Résultat, celui qui pourrait concourir dans des
compétitions de force basque a explosé son high score de buts plantés
toutes compétitions confondues sur une saison avec 28 pions. Et quand on
sait que la saison passée un seul autre joueur a dépassé les 10 buts
toutes compétitions confondues (l’ailier Markel Susaeta avec 13
réalisations), cela prouve une fois de plus l’importance du bonhomme.
Inutile de dire que derrière lui, c’est le désert ou presque. Sa
doublure officielle était jusqu’à cette saison Gaizka Toquero, attaquant
bourru au club quasiment depuis toujours. Peut-être pas le plus grand
des génies, mais un joueur au grand cœur, se battant sur tous les
ballons, au parfait profil d’impact player. Utilisé par Caparrós comme
par Bielsa dans le rôle du super sub entrant à la mi-temps pour forcer
la décision ou en fin de match pour exploiter à fond les contres,
Toquero n’a jamais atteint la barre des 10 buts en une saison. Un
Solskjaer sans les stats ni l’éternel gueule de poupon, avec à la place
une trogne de quadra dégarni qui aurait un peu trop forcé sur le
kalimotxo aux fêtes de San Fermín.
Décidé à trouver le joueur capable de faire souffler l’un des
attaquants de la sélection ibérique (pas la peine de citer les
innombrables outsiders qui ont échoué, retombant dans l’anonymat le plus
complet), les dirigeants basques ont puisé dans leur courte réserve de
joueurs locaux pour rapatrier deux anciens de la maison cet été. Le
premier se nomme Aritz Aduriz qui, après avoir été formé à l’Athletic, a
quitté la Biscaye en 2008 pour évoluer à Majorque puis Valence.
Sélectionné à une seule reprise en équipe d’Espagne, le trentenaire
dépasse régulièrement la dizaine de buts en championnat et a des
qualités assez proches de celles de Llorente. Ce devrait être lui le
« numéro un bis », capable de remplacer au pied levé l’actuel
avant-centre titulaire contre vents et marées.
Le deuxième renfort estival est Ismael López, 22 ans, revenu dans son
équipe d’origine après un court exil de deux ans. Mais malgré un début
de saison prometteur, le natif de Pampelune a plutôt un profil de joueur
évoluant sur un côté. On peut faire le même constat avec Ibai Gómez,
joueur de couloir qui devient un titulaire en puissance depuis que
Bielsa l’a lancé en équipe première. Enfin, inutile d’évoquer les
virevoltants ailiers Iker Muniain et Markel Susaeta, pas vraiment de
purs attaquants capables d’empiler les buts à la manière d’un
avant-centre de métier.
Avec tout le respect que l’on peut avoir pour Toquero et Aduriz, ces
deux joueurs n’ont pas la carrure pour remplacer un fuoriclasse comme
Fernando Llorente et être l’une des rares individualités à émerger
au-dessus d’un collectif huilé à la perfection. Autant dire que les
dirigeants basques vont devoir sérieusement se creuser la tête pour
trouver la perle rare…
[ندعوك للتسجيل في المنتدى أو التعريف بنفسك لمعاينة هذه الصورة]Aritz Aduriz (à gauche) et Ismael López (à droite) lors de leur présentation cet été à San Mamés
Il faudra bien faire sans Mais Bilbao a de la ressource. Régulièrement pillé de ses perles
depuis des années, « les Lions » ont toujours réussi à survivre, ce qui
en fait le seul club aux côtés du Real Madrid et du FC Barcelone à avoir
toujours évolué en première division depuis la création du championnat
espagnol. Pas rien pour une institution aux moyens limités et à la
politique sportive particulière (s’appuyer sur un effectif seulement
composé de basques ou de joueurs formés au Pays Basque) qui en fait une
véritable sélection nationale. Un état de fait totalement anachronique
depuis que l’arrêt Bosman a profondément chamboulé l’identité du
football de club.
En plus de s’appuyer sur un centre de formation parmi les plus
efficaces du Monde (inutile de dire que la grande majorité de l’effectif
qui compose le club au fil des années est issue de l’académie de
Lezama), l’entité « Athletic Club » et sa politique trouve un très fort
écho au sein d’un peuple fier de ses racines. C’est ainsi que le club de
tout un peuple peut se targuer de pouvoir attirer n’importe quel joueur
d’origine basque rien que sur son nom. Une spécificité que peu de clubs
au monde peuvent se permettre.
Néanmoins, les joueurs « éligibles » pour évoluer du côté de Bilbao
se font tout de même assez rares. Le basque le plus en vue en ce moment
se nomme Beñat (Etxebarria pour son nom de famille), milieu de terrain
polyvalent évoluant avec le Bétis Séville et la sélection espagnole.
Passé par Bilbao avant d’éclore en Andalousie, il y a fort à parier
qu’il retournera un jour ou l’autre dans son club formateur. Mais en ce
qui concerne l’attaquant de classe qui pourrait très prochainement lui
faire défaut, Urrutia et sa bande n’ont pas vraiment l’embarras du choix
pour le moment.
Pour conclure, on peut s’avancer un tout petit peu en affirmant que
la future star du club biscayen se trouve dans les rangs de sa cantera
ou dans ceux des innombrables clubs basques, que ce soit les plus gros
(Real Sociedad, Osasuna) comme les plus petits (Eibar, Irun, Alavés).
C’est sur cette politique de proximité que Bilbao a toujours construit
son succès et su dégoter un attaquant hors-paire, de Rafael Moreno
(alias « Pichichi ») jusqu’à Fernando Llorente, en passant par Telmo
Zarra, Ismael Urzáiz, Santiago Ezquerro ou Joseba Etxeberría.